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LES DEUX ÉCHECS DE DRAGOCH.

Sans plus s’occuper de ces passants que vraisemblablement il ne reverrait jamais, il se hâta de fermer la maison et de gagner son lit.

La charrette qui, pendant ce temps, s’éloignait au pas tranquille de ses chevaux, fit volte-face au bout de cinq cents mètres, conformément aux instructions reçues, et suivit en sens inverse le chemin qu’elle venait de parcourir.

Lorsqu’elle fut de nouveau à la hauteur de l’auberge, tout y était clos, en effet, et elle aurait dépassé ce point sans incident, si un chien, qui dormait au beau milieu de la chaussée, ne s’était enfui tout à coup en aboyant si violemment, que le cheval de flèche effrayé se déroba par un brusque écart jusque sur le bas côté de la route. Les charretiers eurent vite fait de ramener l’animal en bonne direction, et, pour la seconde fois, la voiture disparut dans la nuit.

Il était environ dix heures et demie quand, abandonnant le chemin tracé, elle pénétra sous le couvert d’un petit bois, dont les masses sombres s’élevaient sur la gauche. Elle fut arrêtée au troisième tour de roue.

« Qui va là ? questionna une voix dans les ténèbres.

— Kaiserlick et Vogel, répondirent les rouliers.

— Passez », dit la voix.

En arrière des premiers rangs d’arbres,