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LES DEUX ÉCHECS DE DRAGOCH.

— Manger, d’abord ; dormir, ensuite, dit le charretier.

— On y va, répéta l’hôte qui disparut dans l’intérieur.

Lorsque, par le portail grand ouvert, la charrette eut pénétré dans la cour, ses conducteurs s’empressèrent de dételer leurs deux chevaux et de les conduire à l’écurie, où une large provende leur fut distribuée. Pendant ce temps, l’hôte ne cessait de tourner autour de ces clients matinaux. Évidemment, il n’eût pas demandé mieux que d’engager la conversation, mais les rouliers, par contre, semblaient peu désireux de lui donner la réplique.

— Vous arrivez de bon matin, camarades, insinua l’aubergiste. Vous avez donc voyagé pendant la nuit ?

— Il paraît, fit l’un des charretiers.

— Et vous allez loin comme ça ?

— Loin ou près, c’est notre affaire, lui fut-il répliqué.

L’aubergiste se le tint pour dit.

— Pourquoi molester ce brave homme, Vogel ? intervint l’autre charretier qui n’avait pas encore ouvert la bouche. Nous n’avons aucune raison de cacher que nous allons à Saint-André.

— Possible que nous n’ayons pas à le cacher, répliqua Vogel d’un ton bourru, mais ça ne regarde personne, j’imagine.

— Évidemment, approuva l’aubergiste, flagorneur comme tout bon commerçant.