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LE PILOTE DU DANUBE.

— Ma santé est parfaite, monsieur Brusch, répondit M. Jaeger. Cela n’empêche pas que la nuit m’ait paru un peu longue. Je ne suis pas fâché, je l’avoue, d’en avoir vu la fin.

— Parce que ?…

— Parce que j’étais un peu inquiet, je peux le reconnaître maintenant.

— Inquiet !… répéta Ilia Brusch d’un ton de sincère étonnement.

— Ce n’est même pas la première fois que je suis inquiet, expliqua M. Jaeger. Je n’ai jamais été très à mon aise, quand la fantaisie vous a pris de passer la nuit loin de toute ville et de tout village.

— Bah !… fit Ilia Brusch qui semblait tomber des nues. Il fallait me le dire, et je me serais arrangé autrement.

— Vous oubliez que je me suis engagé à vous laisser toute liberté d’agir à votre guise. Chose promise, chose due, monsieur Brusch ! Cela n’empêche pas que je n’aie pas toujours été très rassuré. Que voulez-vous ? Je suis un citadin, moi, et je trouve impressionnants ce silence et cette solitude de la campagne.

— Affaire d’habitude, monsieur Jaeger, répliqua gaiement Ilia Brusch. Vous vous y feriez, si notre voyage devait être plus long. En réalité, il y a moins de dangers en rase campagne qu’au cœur d’une grande ville où pullulent les assassins et les rôdeurs.

— Vous avez probablement raison, mon-