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CHASSEURS ET GIBIERS.

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retourner, avec le calme d’une conscience paisible. D’un pas tranquille, il marcha jusqu’au bout de la Kaiser-Josephstrasse, puis, en droite ligne, à travers le parc de l’Augarten, il arriva à la Brigittenau. Quelques instants, il parut alors hésiter, et pénétra finalement dans une échoppe de sordide apparence ouvrant sa pauvre devanture dans l’une des plus misérables rues de ce quartier ouvrier.

Une demi-heure plus tard il ressortait. Toujours filé, sans le savoir, par Karl Dragoch, qui ne manqua pas en passant de lire l’enseigne de la boutique où son compagnon de voyage venait de s’arrêter, il prit la Rembrandtgasse, puis, remontant la rive gauche du canal, atteignit la Praterstrasse, qu’il suivit jusqu’au rond-point. Là, il tourna délibérément à droite et s’éloigna par la Haupt-Allée, sous les arbres du Prater. Il rentrait évidemment à bord de la barge, et Karl Dragoch jugea inutile de continuer plus longtemps sa filature.

Celui-ci revint donc au petit café, devant lequel Friedrick Ulhmann l’avait fidèlement attendu.

« Connais-tu un juif du nom de Simon Klein ? demanda-t-il en l’abordant.

— Certainement, répondit Ulhmann.

— Qu’est-ce que c’est que ce juif ?

— Pas grand’chose de bon. Brocanteur, usurier, au besoin recéleur, je crois que ces trois mots le peignent du haut en bas.

— C’est bien ce que je pensais, murmura