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le pays des fourrures.

En effet, la maison tremblait alors sous l’ouragan à faire craindre qu’elle ne fût arrachée de ses pilotis.

« Non ! dit Jasper Hobson, cette vaillante femme ne peut pas, ne doit pas nous accompagner. Mais, toute réflexion faite, mieux vaut la prévenir de notre projet. Il faut qu’elle soit instruite, afin que si quelque malheur nous arrivait en route…

— Oui, mon lieutenant, oui ! répondit le sergent Long. Il ne faut rien lui cacher, — et au cas où nous ne reviendrions pas…

— Ainsi, à neuf heures, sergent.

À neuf heures ! »

Le sergent Long, après avoir salué militairement, se retira.

Quelques instants plus tard, Jasper Hobson, s’entretenant avec Mrs. Paulina Barnett, lui faisait connaître son projet d’exploration. Comme il s’y attendait, la courageuse femme insista pour l’accompagner, voulant braver avec lui la fureur de la tempête. Le lieutenant ne chercha point à l’en dissuader en lui parlant des dangers d’une expédition entreprise dans des conditions semblables, mais il se contenta de dire qu’en son absence, la présence de Mrs. Paulina Barnett était indispensable au fort, et qu’il dépendait d’elle, en restant, de lui laisser quelque tranquillité d’esprit. Si un malheur arrivait, il serait au moins assuré que sa vaillante compagne était là pour le remplacer auprès de ses compagnons.

Mrs. Paulina Barnett comprit et n’insista plus. Toutefois, elle supplia Jasper Hobson de ne pas s’aventurer au-delà de toute raison, lui rappelant qu’il était le chef de la factorerie, que sa vie ne lui appartenait pas, qu’elle était nécessaire au salut de tous. Le lieutenant promit d’être aussi prudent que la situation le comportait, mais il fallait que cette observation de la portion méridionale de l’île fût faite sans retard, et il la ferait. Le lendemain, Mrs. Paulina Barnett se bornerait à dire à ses compagnons que le lieutenant et le sergent étaient partis dans l’intention d’opérer une dernière reconnaissance avant l’arrivée de l’hiver.


CHAPITRE VII.

un feu et un cri.


Le lieutenant et le sergent Long passèrent la soirée dans la grande salle du fort Espérance jusqu’à l’heure du coucher. Tous étaient rassem-