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LA JANGADA

connaissaient le chiffre ! Le coupable et Torrès ! Et ces deux hommes ne sont plus ! »

Ainsi raisonnait Fragoso. Il était trop évident que sa démarche ne pourrait aboutir à rien. Et pourtant cette pensée, c’était plus fort que lui. Une puissance irrésistible le poussait à partir, bien qu’il ne fût pas même assuré de retrouver la milice de la Madeira ! En effet, elle pouvait être en chasse, dans quelque autre partie de la province, et alors, pour la rejoindre, il faudrait plus de temps à Fragoso que celui dont il pouvait disposer ! Puis, enfin, pour arriver à quoi, à quel résultat ?

Il n’en est pas moins vrai que, le lendemain 29 août, avant le lever du soleil, Fragoso, sans prévenir personne, quittait furtivement la jangada, arrivait à Manao et s’embarquait sur une de ces nombreuses égaritéas qui descendent journellement l’Amazone.

Et lorsqu’on ne le revit plus à bord, quand il ne reparut pas de toute cette journée, ce fut un étonnement. Personne, pas même la jeune mulâtresse, ne pouvait s’expliquer l’absence de ce serviteur si dévoué dans des circonstances aussi graves !

Quelques-uns purent même se demander, non sans quelque raison, si le pauvre garçon, désespéré d’avoir personnellement contribué, lorsqu’il le rencontra à la frontière, à attirer Torrès sur la jangada,