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Depuis la brillante analyse de Christian Chelebourg m, on sait Jules Verne, frappé du "complexe d’Herminie". Doit-on voir dans La Chasse le rappel de son ancien amour malheureux ? Jenny este /le Herminie ? Son mariage n’est-il pas interdit comme le fut celui d’Herminie par ses parents ? Francis Gordon n’est-il pas avocat, comme Jules le deviendra ? N’est-ce pas l’or, qui, par les espèces trébuchantes d’un hobereau, ruine les espérances du jeune poète ? Ecrite en 1901, en même temps que Storitz, La Chasse en est le contrepoint fantaisiste. Pas de héros satanique, mais, dans chaque œuvre, une vierge éplorée, un fiancé malheureux et une ville sous la même terreur : des actes de Storitz pour Ragz et de la chute du bolidepour Whaston. La mêmephrase se retrouve d’ailleurs dans les deux romans :

Dans Storitz (p. 132) :

"Telle était maintenant Ragz (...). Je ne saurais la mieux comparer qu’à une villi ?d’un pays envahi, sous la crainte perpétuelle du bombardement, alors que chacun sedemande oùtombera la premièrepierre, et si sa maison nesera pas la première détruite !"

Dans La Chasse au météore (ch. VI) :

" Enfin l’impression générale pouvait être définie ainsi : celle des habitants d’une ville assiégée, dont le bombardement peut commencer d’un instant à l’autre et qui s’attendent à ce qu’une bombe vienne écraser leur maison." Pour l’élaboration du texte, nous respectons intégralement le style de l’auteur. Nous laissons des erreurs de calculs ou de dates que /’écrivain aurait certainement corrigées à la lecture des épreuves. Nous conservons l’orthographe parfois fantaisiste des noms propres ou certains néologismes, comme "météorolique". Seules les fautes d’orthographe sont corrigées, et des virgules ou des majuscules sont ajoutées ou supprimées.

En conclusion, la suppression des deux principales adjonctions de Michel Verne : le langage imagé, "d’almanach Vermot" (comme le qualifie Philippe Lanthony}, de la bonne Mitz et les inventions de Zéphirin Xirda/, redonnent à tout le roman sa légèreté initiale. L’humour devient plus fin, plus "astronomique" ; n’est que plus évidente la satire du mariage, des mœurs américaines et de la spéculation sur l’or. Le juge Proth, philosophe voltairien, prend mieux son temps pour formuler ses sages avis et il retourne avec plus de bonheur à son jardin, plaisir dont Michel Verne le prive parfois -on ne sait pourquoi.

(7) Ch. Chelebourg, "Le Blanc et le Noir - Amour et mon dans les Voyages extraordinaires", BSJV n ° 77, pp. 22-30.

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