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L’ARCHIPEL EN FEU.

Lorsque la pointe du cap eut été dépassée, Nicolas Starkos reparut sur le pont de la sacolève. Son premier regard se porta vers l’est.

La terre du Magne n’était plus visible. De ce côté, maintenant, se dressaient les puissants contreforts du mont Hagios-Dimitrios, un peu en arrière du promontoire.

Un instant, le bras du capitaine se tendit dans la direction du Magne. Était-ce un geste de menace ? Était-ce un éternel adieu jeté à sa terre natale ? Qui l’eût pu dire ? Mais il n’avait rien de bon, le regard que lancèrent à ce moment les yeux de Nicolas Starkos !

La sacolève, bien appuyée sous ses voiles carrées et sous ses voiles latines, prit les amures à tribord et commença à remonter dans le nord-ouest. Mais, comme le vent venait de terre, la mer se prêtait à toutes les conditions d’une navigation rapide.

La Karysta laissa sur la gauche les îles Œnusses, Cabrera, Sapienza et Venetico ; puis, elle piqua droit à travers la passe, entre Sapienza et la terre, de manière à venir en vue de Modon.

Devant elle se développait alors la côte messénienne avec le merveilleux panorama de ses montagnes, qui présentent un caractère volcanique très marqué. Cette Messénie était destinée à devenir, après la consti-