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Il se débarrasse en deux temps des importunités du chef et donne des ordres pour l’installation du camp. Je l’écoute, et conclus que nous serons bien gardés.

Ces précautions me font réfléchir. Le capitaine, qui a la pratique du pays noir, y croit donc, à ce danger signalé par Malik ?

Alors ?…

Alors, je me pose cette question avant de m’endormir : « Qui a raison, M. Barsac ou M. Baudrières ? »

Peut-être le saurai-je demain.

En attendant, je suis perplexe.

Amédée Florence.


VI

troisième article de m. amédée florence



Le troisième article de son envoyé spécial auprès de la mission Barsac fut publié le 5 février par l’Expansion française. Pour des raisons qu’on ne tardera pas à connaître, ce fut le dernier que ce journal reçut jamais de son habile reporter. Par suite, les lecteurs de l’Expansion française durent rester de longs mois avant de connaître le mot de l’énigme que posait M. Amédée Florence dans les dernières lignes de son article, énigme dont ce récit donnera la complète solution.

LA MISSION BARSAC

(Par dépêche de notre envoyé spécial)

Ce que craignait Malik — Le doung-kono —

Soyons amis, Cinna — La Gueule-Tapée —

Le baptême de M. Aliboron — Patience !

Kankan — Un sorcier — Raisonnons —

Des bruits dans la nuit

Kankan, le 24 décembre. — Nous sommes arrivés ici hier matin, et nous en repartons demain matin, jour de Noël.

Noël !… Ma pensée se reporte vers la patrie, dont nous sommes si loin. (Six cent cinquante kilomètres depuis Conakry, d’après l’infaillible M. Tassin.) Je songe, avec une volupté que je ne croyais pas possible, aux plaines couvertes de neige, et, pour la première fois depuis bien des années, j’éprouve un violent désir de mettre mes souliers dans la cheminée, ce qui prouverait, du moins, que j’en ai une.

Mais ne nous attendrissons pas, et reprenons au point où nous les avons laissés ces fastes de la mission Barsac.

Donc, je vous ai raconté dans mon article précédent qu’au moment où le chef et les habitants de Daouhériko nous invitaient à accepter leur hospitalité, Malik avait dit dans son langage à Mlle Mornas :

— N’y allez pas ! Il y va de la vie !

Sur cette phrase, entendue par le capitaine, il avait été décidé que nous camperions en dehors du village, à l’endroit même où nous nous étions arrêtés. Le capitaine Marcenay, après avoir conféré avec Malik, donna les ordres que comportait la situation et engagea les indigènes à s’éloigner. Ils ne le firent pas sans protester de leurs bonnes in-