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taine, située dans une contrée où l’on recueille abondamment le jaspe et la calcédoine, il atteignit un certain royaume de Ciarcian, peut-être Kharachar, qui devait s’étendre sur les frontières du désert de Gobi ; enfin, après cinq journées à travers des plaines sablonneuses et privées d’eau potable, il vint se reposer pendant huit jours dans la cité de Lob, ville aujourd’hui détruite, dans laquelle il fit tous ses préparatifs pour traverser le désert qui s’étend dans l’est, « désert si long, dit-il, qu’il faudrait un an pour le traverser dans toute sa longueur, désert hanté par les esprits et au milieu duquel retentissent des tambours invisibles et autres instruments. »

Après un mois employé à franchir ce désert dans sa largeur, les trois voyageurs arrivèrent, dans la province de Tangut, à la ville de Cha-tcheou, bâtie sur la limite ouest de l’empire chinois. Cette province renferme peu de commerçants, mais un grand nombre d’agriculteurs qui vivent du profit de leur blé. Parmi les coutumes de Tangut qui paraissent avoir frappé le plus vivement Marco Polo, il faut citer cette coutume de ne brûler les morts qu’au jour fixé par les astrologues ; « et tout le temps que le mort reste au logis, ses parents, qui demeurent dans la maison, lui font une place à table, et lui servent à manger et à boire comme s’il était vivant. »

Vers le nord-ouest, en sortant du désert, Marco Polo et ses compagnons firent une excursion vers la cité d’Amil et poussèrent jusqu’à Ginchintalas, ville sur la