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démons lâchés par quelque puissance infernale, et l’Occident se vit sérieusement menacé par leur invasion.

Le pape Innocent IV envoya vers le khan des Tartares une première ambassade qui n’obtint qu’une réponse arrogante et peu rassurante. En même temps, il dépêchait de nouveaux ambassadeurs vers les Tartares du nord-est afin d’arrêter l’irruption mongole, et il choisit pour chef de cette ambassade le franciscain Carpini, qui était considéré comme un diplomate intelligent et habile.

Carpini, accompagné d’Étienne de Bohême, se mit en route le 6 avril 1245. Il se rendit d’abord en Bohême. Le roi de ce pays lui donna des lettres de créance pour des parents qu’il avait en Pologne et dont l’influence devait faciliter aux ambassadeurs leur entrée en Russie. Carpini et son compagnon arrivèrent sans difficulté jusque dans les États du duc de Russie où, sur le conseil de ce duc, ils se procurèrent des fourrures de castor et d’autres animaux, afin d’en faire présent aux chefs tartares. Ainsi approvisionné, Carpini se dirigea vers le nord-est, et atteignit Kiew, alors capitale de la Russie et maintenant chef-lieu du gouvernement de ce nom, mais non sans avoir eu tout à craindre des Lithuaniens, ces ennemis de la croix, qui couraient alors la contrée.

Le gouverneur de Kiew engagea les envoyés du pape à changer leurs chevaux pour des chevaux tartares, habitués à découvrir l’herbe sous la neige, et, montés convenablement, les ambassadeurs atteignirent la ville de Danilon. Là, ils tombèrent dangereusement malades ;