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autre que le Jésus des juifs. Puis, par Hamadan, où s’élèvent les tombeaux de Mardochée et d’Esther, et par Dabrestan, il arriva à Ispahan, capitale du royaume, qui mesure douze milles de circuit.

Ici, la relation du voyageur devient un peu obscure. En suivant ses notes, on le retrouve à Shiras, probablement dans le canton d’Hérat en Afghanistan, puis à Samarkand, puis enfin au pied du Thibet. De ce point extrême atteint par lui dans le nord-est, il serait revenu à Nisapour et à Chuzestan sur les bords du Tigre. De là, en deux journées de mer, il serait descendu à El-Cachif, ville d’Arabie, située sur le golfe Persique, où l’on exploite des pêcheries de perles. Puis, en sept jours de navigation, après avoir traversé la mer d’Oman, il aurait gagné Choulan, aujourd’hui Quilon, sur la côte de Malabar.

Benjamin de Tudele était enfin aux Indes, dans le royaume de ceux qui adorent le soleil, ces enfants de Cush, contemplateurs des astres. C’est le pays qui produit le poivre, la cannelle et le gingembre. Vingt jours après avoir quitté Choulan, le juif voyageur arrivait aux îles Cinrag, c’est-à-dire à Ceylan, dont les habitants sont de fanatiques adorateurs du feu.

De Ceylan, Benjamin de Tudele est-il allé jusqu’à la Chine dont il parle ? on ne saurait l’affirmer. Il regarde le trajet par mer comme fort dangereux. Grand nombre de vaisseaux périssent, et voici le moyen singulier que préconise notre voyageur pour se tirer du danger : « On prend avec soi, dit-il, plusieurs peaux de bœufs ; si le