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d’hui par les Samoyèdes. Quelques documents prétendent même que le prince Madoc aurait exploré le continent américain.

On peut affirmer toutefois que l’Irlande fut découverte vers 861 par des aventuriers scandinaves et que les Normans ne tardèrent pas à la coloniser. Vers cette époque, un Norvégien s’était réfugié sur une terre nouvelle, située à l’extrême ouest de l’Europe, et, émerveillé par sa verdoyante apparence, il lui avait donné le nom de Terre-Verte ou Groënland. Mais les communications avec cette portion du continent américain étaient difficiles, et, paraîtrait-il, un vaisseau, au dire du géographe Cooley, « employait cinq années pour aller de la Norvège au Groënland et revenir du Groënland en Norvège. » Quelquefois, cependant, dans des hivers rigoureux, l’Océan septentrional se gelait dans toute son étendue, et un certain Hollur-Geit, conduit par une chèvre, put aller à pied de la Norvège au Groënland. Mais n’oublions pas que nous sommes encore dans les temps légendaires, et que ces régions hyperboréennes sont riches de traditions merveilleuses.

Revenons aux faits réels, prouvés, incontestables, et racontons le voyage d’un juif espagnol, dont la véracité est affirmée par les plus savants commentateurs.

Ce juif était fils d’un rabbin de Tudele, ville du royaume de Navarre, et il se nommait Benjamin de Tudele. Il est probable que son but, en voyageant, fut de dénombrer ses coreligionnaires dispersés à la surface du globe. Mais, quel que soit son motif, pendant qua-