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tables ennemis, le radjah de Calicut n’avait pris aucune précaution militaire. Aussi, lorsque Gama se présenta devant la ville, put-il s’emparer, sans trouver de résistance, des bâtiments mouillés dans le port et faire une centaine de prisonniers ; puis, il accorda au zamorin un délai de quatre jours pour donner satisfaction aux Portugais du meurtre de Correa, et pour payer la valeur des marchandises qui avaient été pillées en cette circonstance.

Le délai accordé venait à peine d’expirer que les corps de cinquante prisonniers se balançaient aux vergues des navires, où ils restèrent exposés à la vue de la ville pendant toute la journée. Le soir venu, les pieds et les mains de ces victimes expiatoires furent coupés et portés à terre avec une lettre de l’amiral annonçant que sa vengeance ne se bornerait pas à cette exécution.

En effet, à la faveur de la nuit, les bâtiments s’embossèrent à courte distance de la ville et la canonnèrent pendant trois jours. On ne saura jamais quel fut le nombre des victimes, mais il dut être considérable. Sans compter ceux qui tombèrent sous les décharges de l’artillerie et de la mousqueterie, un grand nombre d’Hindous furent ensevelis sous les ruines des édifices ou brûlés dans l’incendie qui détruisit une partie de Calicut. Un des premiers, le radjah avait fui sa capitale, et bien lui en prit, car son palais fut au nombre des édifices démolis.

Enfin, satisfait d’avoir transformé en un amas de décombres cette cité naguère si riche et si populeuse, ju-