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les attaques de ces Arabites, ces féroces Beloutches modernes, que les historiens orientaux représentent « comme une nation barbare, portant les cheveux longs et sans ordre, laissant croître leur barbe et ressemblant à des faunes ou à des ours. » Jusqu’alors, cependant, aucun accident grave n’était survenu à la flotte macédonienne, quand, le 10 novembre, le vent du large souffla avec une telle violence, qu’il fit périr deux galères et un vaisseau. Néarque vint alors mouiller à Crocala, et fut ravitaillé par un convoi de blé que lui avait expédié Alexandre. Chaque vaisseau reçut pour dix jours de vivres.

Après divers incidents de navigation, après une courte lutte avec les barbares de la côte, Néarque arriva à l’extrémité du territoire des Orites, qui est marquée par le cap Moran de la géographie moderne. En cet endroit de son récit, Néarque prétend que le soleil, frappant verticalement les objets, lorsqu’il était au milieu de sa course, ne produisait plus aucune ombre. Mais il se trompe évidemment, car à cette époque l’astre du jour se trouvait dans l’hémisphère sud, sur le Tropique du Capricorne, et, d’ailleurs, les navires de Néarque furent toujours éloignés de quelques degrés du Tropique du Cancer. Donc, même en plein été, ce phénomène n’aurait pas pu se produire.

La navigation continua dans des conditions meilleures, lorsque la mousson de l’est se fut régularisée. Néarque prolongea la côte des Ichthyophages, des mangeurs de poissons, tribus misérables auxquelles les pâturages