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les seigneurs d’Europe tenaient leur faucon ou leur gerfaut, se groupaient curieusement autour des nouveaux débarqués, sans le moindre signe de frayeur. Le dimanche de Pâques, 26 avril, on célébra la messe à terre devant les Indiens, dont le silence et l’attitude respectueuse firent l’admiration des Portugais. Le 1er mai, une grande croix et un padraõ furent plantés sur la plage, et Cabral prit solennellement possession du pays au nom du roi de Portugal. Son premier soin, dès que cette formalité eût été accomplie, fut d’expédier à Lisbonne Gaspard de Lemos pour annoncer la découverte de cette riche et fertile contrée. Lemos emportait en même temps le récit de l’expédition, écrit par Pedro Vaz de Caminha, et un important document astronomique, dû à maître Joao, qui relatait sans doute la position de la nouvelle conquête. Avant de partir pour l’Asie, Cabral débarqua deux malfaiteurs qu’il chargea de s’enquérir des ressources, et des richesses du pays, ainsi que des mœurs et des usages des habitants.

Ces mesures si sages, si remplies de prévoyance, témoignent hautement de la prudence et de la sagacité de Cabral.

Ce fut le 2 mai que la flotte perdit de vue les terres du Brésil. Tous, joyeux de cet heureux commencement du voyage, croyaient à un facile et rapide succès, lorsque l’apparition pendant huit jours consécutifs d’une brillante comète vint frapper de terreur ces esprits ignorants et naïfs, qui y virent quelque funeste présage. Les événements devaient pour cette fois donner raison à la superstition.