Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/293

Cette page a été validée par deux contributeurs.

exquis, les Portugais se trouvèrent en présence du zamorin, qui était revêtu d’habits magnifiques et de joyaux précieux, de perles et de diamants d’une grosseur extraordinaire.

Le roi leur fit servir des rafraîchissements, leur permit de s’asseoir, — faveur précieuse dans un pays où l’on ne parle au souverain que prosterné à terre, — et il passa dans une autre pièce pour entendre lui-même, comme le réclamait fièrement Gama, les motifs de son ambassade et le désir qu’avait le roi de Portugal de conclure avec celui de Calicut un traité de commerce et d’alliance. À ce discours de Gama, le zamorin répondit qu’il serait heureux de se considérer comme le frère et l’ami du roi Emmanuel, et qu’il enverrait des ambassadeurs en Portugal par son entremise.

Il est certains proverbes qui, pour changer de latitude, n’en demeurent pas moins vrais, et celui-ci : « Les jours se suivent et ne se ressemblent pas, » trouva le lendemain sa vérification à Calicut. L’enthousiasme excité dans l’esprit du zamorin par les adroits discours de Gama et l’espérance qu’il lui avait fait concevoir d’établir un commerce avantageux avec le Portugal s’évanouirent à la vue des présents qui lui étaient destinés. « Douze pièces de drap rayé, douze manteaux à capuce d’écarlate, six chapeaux et quatre rameaux de corail, accompagnés d’une caisse de bassines contenant six pièces, une caisse de sucre et quatre barils, deux pleins d’huile et deux de miel, » ne constituaient pas en effet un cadeau bien magnifique. À cette vue, le premier ministre