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picacité de marin, ayant observé les signes d’une prochaine tempête, fit engager le gouverneur à ne pas exposer ses navires et ceux qui les montaient. Ovando ne voulut tenir aucun compte du conseil de l’Amiral. Les bâtiments prirent la mer ; ils n’étaient pas arrivés à la pointe orientale de l’île qu’un ouragan terrible en fit périr vingt et un, corps et biens. Bovadilla et la plupart des ennemis de Christophe Colomb furent noyés, tandis que, par une exception pour ainsi dire providentielle, le navire portant les débris de la fortune des Colomb échappa au désastre. L’Océan venait d’engloutir dix millions d’or et de pierres précieuses.

Pendant ce temps, les quatre caravelles de l’Amiral, repoussées du port, avaient fui devant la tempête. Elles furent désemparées et séparées les unes des autres, mais elles parvinrent à se rejoindre. La bourrasque les avait portées le 14 juillet en vue de la Jamaïque. Là, de grands courants les amenèrent devant le Jardin de la Reine, puis dans la direction de l’est quart sud-ouest. La petite flottille lutta alors pendant soixante jours sans faire plus de soixante-dix lieues, et fut enfin rejetée vers la côte de Cuba, ce qui amena la découverte des îles Caïmans et de l’île des Pins.

Christophe Colomb refit alors route au sud-ouest au milieu de ces mers qu’aucun navire européen n’avait encore parcourues. Il s’élançait de nouveau dans la voie des découvertes avec toutes les émotions passionnées du navigateur. La fortune le conduisit vers la côte septentrionale de l’Amérique ; il reconnut l’île Guanaja le