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promesses de Colomb, qui ne demandait pas trois ans pour accroître de soixante millions les revenus de la couronne. L’or se récoltait en abondance dans les mines mieux exploitées. Un esclave avait déterré sur les bords de la rivière Hayna un bloc pesant trois mille six cents écus d’or. On pouvait déjà prévoir que les nouvelles colonies renfermaient d’incalculables richesses.

L’Amiral, ne pouvant demeurer inactif, demandait instamment à entreprendre un quatrième voyage, bien qu’il fût alors âgé de soixante-six ans. Les raisons qu’il faisait valoir en faveur de cette nouvelle expédition étaient très-plausibles. En effet, un an avant le retour de Colomb, le Portugais Vasco da Gama était revenu des Indes après avoir doublé le cap de Bonne-Espérance. Or, Colomb voulait, en s’y rendant par les routes de l’ouest, beaucoup plus sûres et beaucoup plus courtes, faire une concurrence sérieuse au commerce portugais. Il soutenait toujours, croyant avoir accosté les terres d’Asie, que les îles et continents découverts par lui n’étaient séparés des Moluques que par un détroit. Il voulait donc, sans même revenir à l’île Espagnole et aux colonies déjà installées, marcher droit à ce pays des Indes. On le voit, le vice-roi déchu redevenait le hardi navigateur de ses premières années.

Le roi acquiesça à la demande de l’Amiral, et lui confia, le commandement d’une flottille composée de quatre bâtiments, le Santiago, le Gallego, et le Vizcaino, une caravelle capitane. Le plus grand de ces navires ne jaugeait que soixante-dix tonneaux, le plus petit cinquante