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au quinzième siècle, entre l’Europe et l’Asie, devaient assurer la facilité des communications transocéaniennes.

On peut donc affirmer que cette erreur de distance, si généralement accréditée, eut cela d’heureux qu’elle engagea les navigateurs de cette époque à tenter la traversée de l’Atlantique. S’ils eussent connu la distance véritable qui sépare l’Europe de l’Asie, soit cinq mille lieues, ils ne se seraient pas aventurés sur les mers de l’ouest.

Il faut dire que quelques faits donnaient, ou plutôt semblaient donner raison aux partisans d’Aristote et de Strabon qui croyaient à la proximité des rivages orientaux. Ainsi, un pilote du roi de Portugal, naviguant à quatre cent cinquante lieues au large du cap Saint-Vincent, situé à la pointe des Algarves, trouva une pièce de bois ornée de sculptures anciennes, qui ne pouvait provenir que d’un continent peu éloigné. Près de Madère, des pêcheurs avaient rencontré une poutre sculptée et de longs bambous qui par leur forme rappelaient ceux de la péninsule indienne. De plus, les habitants des Açores ramassaient souvent sur leurs plages des pins gigantesques d’une essence inconnue, et ils recueillirent un jour deux corps humains, « cadavres à large face, dit le chroniqueur Herrera, et ne ressemblant pas à des chrétiens. »

Ces divers faits mettaient donc les imaginations en émoi. Comme on ignorait, au quinzième siècle, l’existence de ce Gulf-Stream, qui, en se rapprochant des