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Dias ne fit que l’accompagner en sous-ordre jusqu’à La Mina. Il put entendre le récit de la merveilleuse campagne de son heureux émule dans l’Inde et juger de l’immense influence qu’un tel événement exercerait sur les destinées de sa patrie.

Il faisait partie de cette expédition de Cabral qui découvrit le Brésil ; mais il n’eut même pas la joie de contempler les rivages dont il avait montré le chemin. À peine la flotte venait-elle de quitter la terre américaine, qu’une horrible tempête s’éleva. Quatre bâtiments sombrèrent, et, parmi eux, celui que Dias commandait. C’est pour faire allusion à cette fin tragique, que Camoëns met dans la bouche d’Adamastor, le génie du cap des Tempêtes, cette sombre prédiction : « Je ferai un exemple terrible de la première flotte qui passera près de ces rochers, et je signalerai ma vengeance sur celui qui, le premier, m’est venu braver dans ma demeure. »

En somme, ce ne fut qu’en 1497, soit cinq ans après la découverte de l’Amérique, que la pointe australe de l’Afrique fût doublée par Vasco da Gama. On peut donc affirmer que si ce dernier eût précédé Colomb, la découverte du nouveau continent aurait vraisemblablement été retardée de plusieurs siècles.

En effet, les navigateurs de cette époque se montraient fort timorés ; ils n’osaient s’écarter en plein Océan ; peu soucieux de braver des mers inconnues, ils suivaient prudemment la côte africaine sans jamais s’en éloigner. Si donc le cap des Tempêtes eût été doublé, les marins auraient pris l’habitude de se rendre