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et il en blessa plusieurs mortellement. Mais, dans la nuit qui suivit, Guadarfia, étant parvenu à s’échapper, s’empara d’Ache à son tour et il le fit incontinent lapider et brûler.

Le gouverneur, très-irrité des scènes violentes qui se renouvelaient chaque jour, prit la résolution de tuer tous les hommes du pays, et de ne conserver que les femmes et les enfants pour les faire baptiser. Mais ce fut à cette époque qu’arriva le navire expédié par Jean de Béthencourt, et d’autres soins réclamèrent Gadifer. Ce navire, outre ses quatre-vingts hommes et l’approvisionnement dont il était chargé, apportait une lettre par laquelle, entre autres choses, Jean de Béthencourt mandait à Gadifer qu’il avait fait hommage au roi de Castille des îles Canaries, ce dont le gouverneur ne fut point réjoui, car il pensait bien avoir sa part desdites îles. Mais il dissimula son mécontentement et fit bon accueil aux nouveaux arrivants.

Le débarquement des vivres et des armes se fit aussitôt, et Gadifer s’embarqua sur le navire, afin d’aller explorer les îles voisines. Il était accompagné de Remonnet et de plusieurs autres, et emmenait deux Canariens pour lui servir de guides.

Gadifer arriva sans encombre à l’île de Fortaventure. Quelques jours après son débarquement, il partit avec trente-cinq hommes, afin d’explorer le pays ; mais bientôt la plus grande partie de sa troupe l’abandonna, et treize compagnons seulement, dont deux archers, restèrent avec lui. Gadifer continua cependant son explo-