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cette côte, il atteignit le rivage opposé, en traversant l’extrémité inférieure de la péninsule indienne, où il s’embarqua de nouveau. Mais son navire fut pris par des pirates, et dépouillé, presque nu, exténué de fatigues, Ibn Batuta arriva à Calicut. Cependant, aucun malheur ne pouvait le rebuter. Il était de cette forte race des grands voyageurs qui se retrempent dans l’infortune. Dès que l’hospitalité généreuse de quelques marchands de Delhi lui eut permis de reprendre son bâton de voyageur, il s’embarqua de nouveau pour les Maldives, courut au Bengale, dont il admira les richesses naturelles, fit voile pour Sumatra, relâcha, après cinquante jours d’une détestable traversée, sur une des îles Nicobar, situées dans le golfe du Bengale, et, quinze jours après, il atteignit enfin Sumatra, dont le roi l’accueillit avec grande faveur, comme il faisait, d’ailleurs, pour tous les Mahométans. Mais Ibn Batuta n’était pas un homme ordinaire ; il plut au souverain de l’île, qui lui fournit généreusement les moyens de se rendre en Chine.

Une jonque transporta le voyageur arabe sur la « mer tranquille », et, soixante et onze jours après avoir quitté Sumatra, il atteignit le port de Kailuka, capitale d’un pays assez problématique, dont les habitants, beaux et courageux, excellaient dans le métier des armes. De Kailuka, Ibn Batuta passa dans les provinces chinoises, et visita d’abord la magnifique ville de Zaitem, probablement le Tsuen-tcheou des Chinois, qui est situé un peu au nord de Nan-king. Il parcourut ainsi diverses cités de ce grand empire, étudiant les coutumes de ces