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Mohammed fit aussitôt les frais d’une nouvelle expédition et confirma le voyageur arabe dans sa position d’ambassadeur. Cette fois, l’escorte traversa sans encombre le pays insurgé, et par Kanoge, Merwa, Gwalior et Barun, elle arriva au Malabar. Quelque temps après, Ibn Batuta entrait à Calicut, qui devint plus tard le chef-lieu de la province de Malabar, port important dans lequel il attendit pendant trois mois des vents favorables pour prendre la mer. Il profita de cette halte involontaire pour étudier la marine marchande des Chinois qui fréquentaient cette ville. Il parle avec admiration de ces jonques, véritables jardins flottants, sur lesquels on cultivait le gingembre et les herbes potagères, sortes de villages indépendants dont quelques riches particuliers possédaient un grand nombre.

La saison favorable arriva. Ibn Batuta choisit, pour le transporter, une petite jonque commodément aménagée, sur laquelle il fit mettre ses richesses et ses bagages. Treize autres jonques devaient recevoir les présents envoyés par le souverain de Delhi à l’empereur de la Chine. Mais, pendant la nuit, une violente tempête fit périr tous les bâtiments. Fort heureusement, Ibn Batuta était resté à terre pour assister aux prières de la mosquée. Sa piété le sauva. Mais il avait tout perdu ; il ne lui restait que « le tapis sur lequel il faisait ses dévotions, » et, après cette seconde catastrophe, il n’osa plus se représenter devant le souverain de Delhi. Il y avait de quoi indisposer un empereur moins impatient.

Ibn Batuta prit son parti ; il abandonna le service de