Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/146

Cette page a été validée par deux contributeurs.

il s’élance en Syrie, court à Jérusalem, à Tripoli, et pénètre jusque chez ces Turcomans de l’Anatolie, où la « confrérie des jeunes gens » lui fit l’accueil le plus hospitalier.

Après l’Anatolie, c’est l’Asie Mineure dont parle la relation arabe. Ibn Batuta s’avança jusqu’à Erzeroum, où on lui montra un aérolithe pesant six cent vingt livres. Puis, traversant la mer Noire, il visita Crim et Kafa, Bulgar, ville déjà assez élevée en latitude pour que l’inégalité des jours et des nuits y fût très-marquée, et enfin il arriva à Astrakan, à l’embouchure du Volga, où résidait le khan tartare pendant la saison d’hiver.

La princesse Bailun, femme de ce chef et fille de l’empereur de Constantinople, se disposait à visiter son père. C’était une occasion toute naturelle pour Ibn Batuta d’explorer la Turquie d’Europe. Il obtint la permission d’accompagner la princesse, qui partit, accompagnée de cinq mille hommes et suivie d’une mosquée portative que l’on dressait à chaque station. La réception de la princesse à Constantinople fut magnifique, et les cloches furent sonnées avec un entrain tel « que l’horizon même était ébranlé par le bruit. »

L’accueil fait au théologien par les princes du pays fut digne de sa renommée. Il put visiter la ville en détail, et il y resta pendant trente-six jours.

On le voit, à une époque où les communications étaient difficiles et dangereuses entre les divers pays, Ibn Batuta s’était posé en explorateur audacieux. L’Égypte, l’Arabie, la Turquie d’Asie, les provinces du