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mille hommes peuvent y manger. Il y a tant de chambres que c’est merveille à voir. Il est si grand et si bien fait qu’il n’y a nul homme au monde qui, quand bien même il en aurait la puissance, pût le mieux ordonner. En dessus le toit est tout vermeil, et vert, et bleu, et jaune, et de toutes couleurs, et il est si bien verni qu’il est resplendissant comme du cristal, et luit au loin alentour. Ce toit est d’ailleurs si fort et si solidement fait, qu’il durera nombre d’années. Entre les deux murs sont des prairies avec de beaux arbres où sont diverses espèces de bêtes. Ce sont des cerfs blancs, les bêtes qui donnent le musc, des chevreuils, des daims, des vairs et plusieurs sortes de belles bêtes, qui remplissent toutes les terres en dedans des murs, excepté les chemins ménagés pour les hommes. D’un côté, vers le nord-ouest, est un lac moult grand dans lequel sont divers poissons, car le grand sire en a fait mettre de plusieurs espèces, et chaque fois qu’il en désire, il en a à sa volonté. Un grand fleuve y naît et sort du palais, mais on a fait en sorte que nul poisson ne pût s’en échapper, et cela au moyen de filets de fer et d’airain. Vers le nord, à une portée d’arc du palais, le grand khan a fait faire un tertre. C’est un mont qui est bien haut de cent pas et qui a plus d’un mille de tour. Il est couvert d’arbres qui jamais ne perdent leurs feuilles, mais qui sont toujours verts. Or, sachez que le grand sire, du moment qu’on lui citait quelque bel arbre, le faisait prendre avec toutes ses racines et la terre qui l’entourait, et le faisait apporter à cette montagne par ses éléphants, et peu lui