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sur un fragment du globe, qui nous emporte avec lui, et il est impossible de prévoir si nous reverrons jamais notre ancien monde ! »

Les Espagnols avaient-ils compris l’explication donnée par le capitaine Servadac ? C’était au moins douteux. Cependant, Negrete le pria de répéter ce qu’il venait de dire.

Hector Servadac le fit de son mieux, et, employant des images familières à ces Espagnols ignorants, il réussit à leur faire comprendre la situation telle qu’elle était. Quoi qu’il en soit, à la suite d’un court entretien que Negrete et ses compagnons eurent entre eux, ils semblèrent tous prendre la chose avec une parfaite insouciance.

Quant à Isac Hakhabut, après avoir entendu le capitaine Servadac, il ne prononça pas un mot ; mais ses lèvres se pincèrent comme s’il eût voulu dissimuler un sourire.

Hector Servadac, se retournant alors, lui demanda si, après ce qu’il venait d’entendre, il songeait encore à reprendre la mer et à conduire sa tartane au port d’Alger, dont il n’existait plus un vestige.

Isac Hakhabut sourit cette fois, mais, cependant, de manière à n’être point vu des Espagnols. Puis, s’adressant en russe pour être compris seulement du comte Timascheff et de ses hommes :

« Tout ça, ce n’est pas vrai, dit-il, et Son Excellence le gouverneur général veut rire ! »