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vint à se demander si tout ce qui restait de son pays ne se réduisait pas à cet étroit lambeau du territoire algérien, à cette île Gourbi, à laquelle il lui faudrait revenir !

« Et cependant, répétait il au comte Timascheff, le continent de Gallia ne finit pas à cette côte inabordable ! Son pôle boréal est au delà ! Qu’y a-t-il derrière cette muraille ? Il faut bien le savoir ! Si pourtant, malgré tous les phénomènes dont nous sommes témoins, c’est encore le globe terrestre que nous foulons du pied, si c’est toujours lui qui nous emporte en suivant une direction nouvelle dans le monde planétaire, si enfin la France, si la Russie sont là avec l’Europe entière, il faut le vérifier ! Ne trouverons-nous donc pas une grève pour débarquer sur cette côte ? N’y a-t-il aucun moyen d’escalader cette inaccessible falaise, et d’observer, ne fût-ce qu’une fois, la contrée qu’elle nous cache ? Débarquons, pour Dieu, débarquons ! »

Mais la Dobryna, rasant toujours la haute muraille, n’apercevait ni la plus petite crique où elle pût se réfugier, ni même un seul écueil sur lequel il eût été possible à son équipage de prendre pied. Le littoral était toujours formé d’une base accore, lisse, à pic, jusqu’à une hauteur de deux ou trois cents pieds, que couronnait tout un étrange enchevêtrement de lamelles cristallisées. Il était évident que cette nouvelle bordure, faite à la Méditerranée, présentait partout la