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manière à être entendu de tous, Dieu peut nous avoir sauvés !

— Il ne nous sauvera que si ce continent s’entr’ouvre pour livrer passage à la Dobryna !

— Nous sommes entre les mains de Celui qui peut tout ! » répondit le comte Timascheff en se découvrant.

Hector Servadac, le lieutenant, les matelots, sans rompre le silence, l’imitèrent religieusement.

Procope, regardant comme impossible de s’éloigner de la terre, prit alors toutes les mesures pour faire côte dans les moins mauvaises conditions. Il songea aussi à ce que les naufragés, si quelques-uns échappaient à cette mer furieuse, ne fussent pas sans ressource pendant les premiers jours de leur installation sur ce nouveau continent. Il fit monter sur le pont des caisses de vivres et des tonneaux d’eau douce qui, liés à des barriques vides, pourraient surnager après la démolition du bâtiment. En un mot, il prit toutes les précautions qu’un marin devait prendre.

En vérité, il n’avait plus aucun espoir de sauver la goëlette ! Cette immense muraille ne présentait pas une crique, pas une embouchure dans laquelle un navire en perdition pût se réfugier. La Dobryna ne pouvait être relevée que par une subite saute de vent qui la rejetterait au large, ou, comme l’avait dit le lieutenant Procope, que si Dieu entr’ouvrait miraculeusement ce littoral pour lui livrer passage.