À Turin, chez Ardouin et Ce ;
À Berlin, chez Mendelssohn ;
À Genève, chez Lombard, Odier et Ce ;
À Constantinople, à la Banque Ottomane ;
À Bruxelles, chez S. Lambert ;
À Madrid, chez Daniel Weisweller ;
À Amsterdam, au Crédit Néerlandais ;
À Rome, chez Torlonia et Ce ;
À Lisbonne, chez Lecesne ;
À Copenhague, à la Banque privée ;
À Buenos Aires, à la Banque Maua ;
À Rio de Janeiro, même maison ;
À Montevideo, même maison ;
À Valparaiso, chez Thomas La Chambre et Ce ;
À Mexico, chez Martin Daran et Ce ;
À Lima, chez Thomas La Chambre et Ce.
Trois jours après le manifeste du président Barbicane, quatre millions de dollars[1] étaient versés dans les différentes villes de l’Union. Avec un pareil acompte, le Gun-Club pouvait déjà marcher.
Mais, quelques jours plus tard, les dépêches apprenaient à l’Amérique que les souscriptions étrangères se couvraient avec un véritable empressement. Certains pays se distinguaient par leur générosité ; d’autres se desserraient moins facilement. Affaire de tempérament.
Du reste, les chiffres sont plus éloquents que les paroles, et voici l’état officiel des sommes qui furent portées à l’actif du Gun-Club, après souscription close.
La Russie versa pour son contingent l’énorme somme de trois cent soixante-huit mille sept cent trente-trois roubles[2]. Pour s’en étonner, il faudrait méconnaître le goût scientifique des Russes et le progrès qu’ils impriment aux études astronomiques, grâce à leurs nombreux observatoires, dont le principal a coûté deux millions de roubles.
La France commença par rire de la prétention des Américains. La Lune servit de prétexte à mille calembours usés et à une vingtaine de vaudevilles, dans lesquels le mauvais goût le disputait à l’ignorance. Mais, de même que les Français payèrent jadis après avoir chanté, ils payèrent, cette fois, après avoir ri, et ils souscrivirent pour une somme de douze cent cinquante-trois mille neuf cent trente francs. À ce prix-là, ils avaient bien le droit de s’égayer un peu.