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santé de ces dames… et à la nôtre aussi ! N’oublions pas que nous sommes dans le pays des Béni-Pompe-Toujours !

— Ça ne pouvait pas durer ! » murmura Patrice en baissant la tête.

Inutile de mentionner que M. et Mme Désirandelle trouvaient Marcel Lornans de plus en plus insupportable, un bellâtre, un faiseur de grâces, un poseur, un infatué, et ils se promettaient bien de désabuser M. Dardentor sur son compte, — chose difficile, sans doute, au point où en était cet homme expansif.

À midi et demi, les paniers, les bouteilles, la vaisselle furent replacés dans le chariot, et l’on se disposa à partir.

Mais, à ce moment, fut remarquée l’absence de M. Eustache Oriental.

« Je ne vois plus M. Oriental ?… dit l’agent Derivas.

Personne n’apercevait ce personnage, bien qu’il eût pris part au repas avec son exactitude et son appétit ordinaires.

Qu’était-il devenu ?…

« M. Oriental ?… cria Clovis Dardentor de sa voix puissante. Où donc est-il passé, ce coco-là avec son télescope de poche ?… Hé ! monsieur Oriental… »

Nulle réponse.

« Ce monsieur, dit Mme Elissane, nous ne pouvons cependant pas l’abandonner… »

Évidemment, cela ne se pouvait pas. On se mit donc à sa recherche, et bientôt, à l’angle de la forêt, l’astronome se montra, sa longue-vue braquée vers le nord-ouest.

« Ne le troublons pas, conseilla M. Dardentor, puisqu’il est en train d’interroger l’horizon ?… Savez-vous que ce particulier-là est capable de nous rendre de grands services !… Rien qu’en prenant la hauteur du soleil, si notre guide venait à s’égarer, il nous remettrait en direction…

— Du garde-manger… acheva Jean Taconnat.

— Parfaitement ! »