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lement indiqué au programme. Cela ne présentera, d’ailleurs, aucune difficulté.

Ce qui doit être moins facile, c’est de me mettre en communication avec mon numéro 12, le superbe seigneur Faruskiar. Il paraît étroitement boutonné, cet Oriental !

Ah ! un nom à connaître dans le plus bref délai, c’est celui du mandarin qui retourne en Chine sous forme de colis mortuaire. Avec un peu d’adresse, Popof finira par l’apprendre de l’un des Persans préposés à la garde de Son Excellence. Si ce pouvait être celui de quelque grand fonctionnaire, le Pao-Wang, le Ko-Wang, le vice-roi des deux Kiang, le prince King en personne…

Durant la première heure, le train continue de filer à travers l’oasis. Nous serons bientôt en plein désert. Le sol est formé de couches alluvionnaires, dont les strates s’étendent jusqu’aux environs de Merv. Il convient de s’habituer à cette monotonie du voyage, qui se prolongera jusqu’à la frontière du Turkestan. Oasis et désert, désert et oasis. Il est vrai, aux approches du plateau de Pamir, le décor changera à vue. Les sujets de paysage ne manquent pas au nœud orographique que les Russes ont dû couper, comme ce roublard d’Alexandre a fait du nœud qui rattachait le joug au timon du char de Gordium. Cela a valu au conquérant macédonien l’empire de l’Asie… Voilà qui est de bon augure pour la conquête des Russes.

Donc, attendons la traversée du plateau de Pamir et ses sites variés. Au delà se développent les interminables plaines du Turkestan chinois, les immensités sablonneuses du désert de Gobi, où recommencera la monotonie du parcours.

Il est dix heures et demie. Le déjeuner va être bientôt servi à l’intérieur du dining-car. Occupons-nous d’abord de ma promenade matinale le long de la grande rue du train.

Où donc est Fulk Ephrinell ? Je ne le vois pas à son poste près de miss Horatia Bluett, que je questionne à ce sujet, après l’avoir saluée poliment.