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l’ami de m. malarius.

Il faut dire que les élèves de M. Malarius avaient à peu près constamment ces bouteilles sous les yeux, par la raison que l’une des principales usines du docteur se trouve précisément établie à Noroë. Mais enfin il n’en est pas moins vrai que, depuis des années, le savant homme n’avait pas mis le pied dans le pays, et que pas un des enfants ne pouvait se flatter jusqu’à ce jour de l’avoir aperçu en chair et en os.

En imagination, c’était une autre affaire. On parlait beaucoup du docteur Schwaryencrona aux veillées de Noroë. Et les oreilles lui auraient tinté souvent, si le préjugé populaire avait le moindre fondement à cet égard.

Quoiqu’il en soit, cette reconnaissance aussi unanime que spontanée constituait un véritable triomphe pour l’auteur inconnu du portrait — triomphe dont cet artiste modeste aurait eu le droit d’être fier, et plus d’un photographe à la mode le droit d’être jaloux.

Oui, c’étaient bien là, évidemment, la barbe en pointe, la paire de lunettes, le nez crochu et le bonnet de loutre du fameux savant. Il n’y avait pas d’erreur ni de confusion possible. Tous les élèves de M. Malarius en auraient mis la main au feu.

Ce qui les étonnait et même les désappointait un peu, c’était de trouver dans le docteur un homme de taille ordinaire et moyenne, au lieu du géant qu’ils auraient plutôt imaginé. Comment un savant aussi illustre pouvait-il se contenter d’une