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l’épave du cynthia.

accomplie que je retrouve ! dit Erik, en riant pour dissiper l’embarras de sa sœur. Il faudra qu’elle nous montre tous ses talents, dès demain ! »

Et, sans affectation, il mit la causerie sur les bonnes gens de Noroë, demandant des nouvelles de chacun, s’enquérant de ses camarades, de ce qui s’était passé depuis son départ, des aventures de pêche, de tous les détails de la vie locale ; puis, à son tour, il dut satisfaire la curiosité de la famille, conter son existence à Stockholm, parler de dame Greta, de Kajsa et du docteur.

« Cela me rappelle que j’ai une lettre pour vous, père, dit-il, en la tirant de la poche intérieure de sa veste. J’ignore ce qu’elle contient, mais le docteur m’a dit d’en prendre soin, car elle me regarde. »

Maaster Hersebom prit le large pli cacheté et le déposa auprès de lui sur la table.

« Eh bien, demanda Erik, est-ce que vous n’allez pas nous la lire ?

— Non, répondit laconiquement le pêcheur.

— Mais puisqu’elle me concerne ! insista le jeune garçon.

— L’adresse est bien pour moi, dit maaster Hersebom, en portant la lettre à ses yeux. Oui !… Je la lirai donc à mon heure ! »

L’obéissance filiale est la base de la famille norvégienne. Erik courba la tête. On se leva de table, et les trois enfants, s’asseyant sur leur