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l’épave du cynthia.

oubliés, dans la grande ville ?… Tu es content de revenir voir le vieux pays et la vieille maison ?

— Vous n’en doutez pas, j’imagine ! dit Erik qui se remit de plus belle à embrasser tout le monde. Vous étiez toujours présents à ma pensée ! Mais c’est surtout quand le vent soufflait en tempête que je songeais à vous, père !… Je me disais : Où est-il ? Est-il rentré au moins !… A-t-il eu soin de se mettre à l’abri ?… Et le soir, je consultais le bulletin météorologique dans le journal du docteur, pour savoir si le temps avait été le même sur cette côte que sur celle de Suède. Et je trouvais que vous aviez bien plus souvent que Stockholm des ouragans qui vous arrivent d’Amérique et viennent se buter sur nos montagnes !… Ah ! comme j’aurais voulu, dans ces moments, être avec vous dans la barque, vous aider à assurer la voile, à vaincre toutes les difficultés !… Quand il faisait beau, d’autre part, il me semblait que j’étais emprisonné dans cette grande ville entre les maisons à trois étages ! Oui ! j’aurais donné tout au monde pour être une heure en mer et me sentir, comme autrefois, libre et joyeux sous la brise ! »

Un sourire éclairait le visage hâlé du pêcheur.

« Les livres ne l’ont pas gâté ! dit-il, avec une satisfaction profonde. Joyeuse saison et bonne année, mon enfant ! ajouta-t-il. Allons, viens te mettre à table ! Le dîner n’attend que toi ! »

Une fois assis à sa place de jadis, à la droite