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tretten yule dage.

mettent de temps immémorial, et qu’il est de rigueur de vider debout, en échangeant avec son hôte les souhaits de « joyeuse saison et bonne année ». C’est enfin à Noël que les domestiques de tout ordre reçoivent les habits neufs qui constituent souvent le plus clair de leurs gages ; — que les bœufs mêmes, les moutons et jusqu’aux oiseaux du ciel ont droit à la double ration ou à des largesses exceptionnelles. On dit en Norvège d’un pauvre homme : « Il est si pauvre qu’il ne peut même pas donner aux moineaux leur dîner de Noël. »

Des treize jours traditionnels, la veille de Noël est le plus gai. Il est d’usage pour les jeunes garçons et les fillettes de s’en aller par bandes dans la campagne, montés sur leurs « schnee-shuhe », ou souliers à neige, pour s’arrêter devant les maisons et chanter en chœur les vieilles mélodies nationales. Leurs voix claires, éclatant tout à coup dans l’air frais de la nuit au milieu de la solitude des vallées couvertes de leur parure hivernale, sont d’un effet aussi charmant que bizarre. Les portes s’ouvrent aussitôt ; on invite chanteurs et chanteuses à entrer ; on leur offre des gâteaux, des pommes sèches et de l’ale ; parfois même on les fait danser. Puis, après ce frugal souper, la troupe joyeuse repart, comme un vol de mouettes, pour aller recommencer plus loin. Les distances ne sont rien avec les « schnee-shuhe », véritables glissoires en bouleau, de deux ou trois mètres de