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à stockholm.

c’est ce qui m’empêchait d’apercevoir nettement la solution du problème. Désormais, cette solution s’impose : l’enfant est irlandais ! N’est-ce pas votre avis, Hochstedt ?… »

S’il y avait quelque chose au monde que le digne professeur aimât peu, c’était d’énoncer sur un sujet quelconque une opinion positive. Et il faut bien convenir que, dans le cas présentement soumis à son jugement impartial, toute opinion était au moins prématurée. Aussi se contenta-t-il de hocher évasivement la tête, en disant :

« Il est incontestable que les Irlandais appartiennent au rameau celtique de la race aryenne. »

Ce qui n’était assurément pas un de ces aphorismes qu’on peut taxer de hardiesse excessive.

Mais le docteur Schwaryencrona n’en demanda pas davantage, et il y vit l’entière confirmation de sa théorie.

« Vous en convenez vous-même ! s’écria-t-il avec feu. Les Irlandais étant des Celtes, l’enfant ayant tous les caractères de la race celtique, et le Cynthia étant un navire anglais, il me paraît que nous sommes en possession du fil nécessaire pour retrouver la famille du pauvre petit. C’est en Grande-Bretagne qu’il faut la chercher. Quelques annonces dans le Times suffiront probablement pour nous mettre sur sa trace ! »

Le docteur allait sans doute développer son plan de recherches, quand il remarqua le silence obstiné que gardait l’avocat et le regard légèrement