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l’épave du cynthia.

le type celte dans toute sa beauté et sa pureté.

« Passons au second point. Cynthia est certainement le nom du navire auquel appartenait la bouée. Ce nom peut convenir à un navire allemand comme à une navire anglais. Mais il n’était pas écrit en lettres gothiques. Donc, le navire était anglais — disons, anglo-saxon, pour être plus précis.

« Tout confirme, d’ailleurs, cette hypothèse ; car il n’y a guère qu’un navire anglais allant à Inverness ou aux Orcades, ou en venant, qui ait pu se trouver poussé par la tempête dans les parages de Noroë. Et vous n’oubliez pas que la petite épave vivante n’avait pas dû flotter bien longtemps, puisqu’elle avait résisté au jeûne et aux dangers de sa périlleuse navigation !… Eh bien, tout cela posé, quelle est votre conclusion, mes chers amis ? »

Ni le professeur ni l’avocat ne jugèrent à propos de souffler mot.

« La conclusion, vous ne la voyez pas sans doute, reprit le docteur d’un ton où perçait un secret triomphe. Peut-être même croyez-vous apercevoir une contradiction entre ces deux éléments — un enfant de race celte —, un navire de nom anglo-saxon ? C’est tout simplement parce que vous négligez une circonstance capitale, l’existence aux flancs de la Grande-Bretagne d’un peuple de race celte, de l’île sœur — de l’Irlande !… Moi non plus je n’y avais pas songé tout d’abord,