Page:Verne, Laurie - L’Épave du Cynthia.djvu/345

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gers de première classe, qui mangent toujours à la table du commandant. Il savait donc certainement le nom de ma fille, il connaissait sa nationalité française et pouvait aisément la faire retrouver. Avait-il été chargé par Noah Jones de quelque mission ténébreuse ? A-t-il eu la main dans le naufrage si suspect du Cynthia, ou simplement dans la chute de l’enfant à la mer — c’est ce que nous ne saurons jamais exactement, puisqu’il est mort. Quoi qu’il en soit, il est certain qu’il connaissait l’importance qu’avait pour l’ex-associé de Georges « l’enfant sur la bouée ». De là à exploiter cette notion, il n’y a qu’un très faible intervalle pour un individu tel qu’on nous le représente, ivrogne et paresseux. O’Donoghan savait-il que « l’enfant sur la bouée » était réellement vivant ? Avait-il même aidé à le sauver, soit en le recueillant en mer, pour le laisser ensuite près de Noroë, soit par quelque autre moyen ? C’est encore un point douteux. Mais, il aura, en tout cas, affirmé à Noah Jones que « l’enfant sur la bouée » avait survécu au naufrage ; il se sera vanté de connaître le pays où il avait été recueilli ; sans doute aussi il aura donné à entendre que ses précautions étaient prises pour tout faire savoir à l’enfant, s’il lui arrivait malheur, à lui O’Donoghan. Noah Jones se sera vu obligé de payer son silence. Telle était sans doute la source des revenus intermittents que l’Irlandais touchait à New York chaque fois qu’il y revenait !