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l’épave du cynthia.

questions qui devaient toujours rester sans réponse, car, cette réponse, le pauvre bébé ne pouvait pas la donner ! Bref, une demi-heure plus tard, j’étais au logis et je remettais ma trouvaille à Katrina ! Nous possédions alors une vache, qui fut immédiatement donnée pour nourrice au petit. Il était si gentil, si souriant, si rose, quand il se fut bien gavé du lait et réchauffé à la chaleur du feu, que, ma foi, nous nous mîmes tout de suite à l’aimer comme s’il avait été à nous !… Et puis voilà !… Nous l’avons gardé, nous l’avons élevé, et nous n’avons jamais fait de différence entre lui et nos deux enfants !… Pas vrai, femme ?… ajouta maaster Hersebom en se tournant vers Katrina.

— Bien sûr, le pauvre petit ! répondit la ménagère en s’essuyant les yeux, que ces souvenirs remplissaient de larmes. Et c’est bien notre enfant, aussi, puisque nous l’avons adopté !… Je ne sais pas pourquoi M. Malarius est allé dire le contraire ! »

Et la brave femme, sincèrement indignée, se remit à tourner son rouet avec énergie.

« C’est vrai ! appuya Hersebom. Est-ce que cela regarde personne autre que nous ?

— À coup sûr, répliqua le docteur du ton le plus conciliant ; mais il ne faut pas accuser Malarius d’indiscrétion. C’est moi qui ai été frappé de la physionomie de l’enfant et qui ai demandé confidentiellement au maître de me dire son histoire. Malarius ne m’a pas laissé ignorer qu’Erik se