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l’épave du cynthia.

À cette lettre était jointe une note justificative qu’Erik dévora avidement. Elle était également de la main de M. Durrien et contenait ce qui suit :

« J’étais consul de France à la Nouvelle-Orléans, quand ma fille unique, Catherine, épousa un jeune Français, M. Georges Durrien, notre parent éloigné et ainsi que nous d’origine bretonne. M. Georges Durrien était ingénieur des mines. Il venait aux États-Unis pour explorer des sources de pétrole récemment signalées, et comptait y rester quelques années. Accueilli à mon foyer comme devait l’être un homme de son mérite, portant le même nom que nous et fils d’un ami bien cher de ma jeunesse, il me demanda la main de ma fille. Je la lui donnai avec joie. Peu de temps après ce mariage, je fus inopinément désigné au poste consulaire de Riga, et, mon gendre se trouvant retenu aux États-Unis par des intérêts considérables, je dus y laisser ma fille. Elle y devint mère d’un enfant, qui reçut mes prénoms avec celui de son père, et fut appelé Émile-Henri-Georges.

« Six mois plus tard, mon gendre trouvait la mort dans un accident de mine. Aussitôt après avoir fait régler ses affaires, ma pauvre fille, veuve à vingt ans, s’embarquait à New York sur le Cynthia, à destination de Hambourg, pour venir me rejoindre par la voie la plus directe.

« Le 7 octobre 1858, le Cynthia faisait naufrage à l’est des îles Féroë. Les circonstances de ce naufrage ont depuis paru suspectes et sont