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l’épave du cynthia.

signalée au vent, on avait pu en reconnaître jusqu’à la forme du haut du « nid du corbeau », et bientôt deux coups de feu donnaient l’espoir que les deux naufragés s’y trouvaient toujours.

Le reste importait peu désormais. On allait cingler directement sur l’Atlantique, et ce serait bien le diable, si l’on n’y arrivait pas — à la voile, puisqu’il n’y avait plus de charbon.

« Non pas à la voile ! dit Erik. J’ai deux autres idées. La première, c’est de nous faire remorquer par la banquise, aussi longtemps qu’elle ira vers le sud ou l’ouest. Cela nous épargnera des combats incessants avec les icebergs que notre radeau se chargera de chasser devant lui. La seconde, c’est d’y récolter le combustible nécessaire pour achever notre voyage, quand il nous conviendra de reprendre notre autonomie.

— Que veux-tu dire ? La banquise recélerait-elle en ses flancs une mine de houille ? demanda en riant le docteur.

— Non pas précisément une mine de houille, répondit Erik, mais ce qui revient à peu près au même, une mine de carbone animal, sous la forme de graisse d’ougiouk. Je veux tenter l’expérience, puisque nous avons un foyer spécialement aménagé pour ce genre de combustible. »

Avant tout, on commença par rendre les derniers devoirs aux deux morts, en les jetant à l’eau avec un obus aux pieds.

Puis, l’Alaska vint accoster le flanc de la ban-