Page:Verne, Laurie - L’Épave du Cynthia.djvu/31

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

25
chez un pêcheur de noroë.

— Je ne me plains pas de lui, répondit le pêcheur.

— Il est singulièrement intelligent et instruit pour son âge, poursuivit le docteur. Je l’ai interrogé aujourd’hui à l’école, et j’ai été vivement frappé des facultés peu ordinaires de travail et de réflexion que cet examen m’a révélées en lui !… J’ai été frappé aussi, quand j’ai su son nom, de voir comme il vous ressemble peu de visage et comme il ressemble peu aux enfants du pays ! »

Le pêcheur et sa femme restaient immobiles et silencieux.

« Bref, reprit le savant avec une certaine impatience, cet enfant ne m’intéresse pas seulement, — il m’intrigue. J’ai causé de lui avec Malarius, j’ai appris qu’il n’est pas votre fils, qu’un naufrage l’a jeté sur nos côtes, que vous l’avez recueilli, élevé et adopté jusqu’au point de lui donner votre nom ! Tout cela est vrai, n’est-ce pas ?

— Oui, monsieur le docteur, répondit gravement Hersebom.

— S’il n’est pas notre fils par le sang, il l’est par le cœur et par l’affection ! s’écria Katrina, l’œil humide et la lèvre frémissante. Entre lui et notre Otto ou notre Vanda, nous ne faisons point de différence ! Nous n’avons jamais songé seulement à nous rappeler qu’il y en eût une !

— Ces sentiments vous font honneur à tous deux, dit le docteur, ému de l’agitation de la brave femme. Mais je vous en prie, mes amis, contez-moi