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coups de fusil.

« Ah ! voilà ce que vous voulez savoir ? dit-il. Eh bien, c’est vrai, je puis vous le dire, moi !… C’est vrai, je le sais !…

— Dites-le-moi, O’Donoghan, dites-le-moi ! s’écria Erik, qui le vit ébranlé. Dites-le-moi, et je vous promets le pardon pour vos torts, si vous en avez, la reconnaissance, s’il m’est donné de vous la prouver ! »

L’Irlandais donna un coup d’œil de convoitise sur la bouteille de cuir.

« Cela dessèche le gosier de tant parler, dit-il d’une voix pâteuse. Je boirais bien un peu d’eau-de-vie, si vous vouliez…

— Il n’y en a plus ici, mais on va aller vous en chercher au dépôt de vivres ! Nous en avons deux grosses pièces », répliqua Erik en remettant la bouteille à maaster Hersebom.

Celui-ci s’éloigna aussitôt, suivi de Klaas.

« Il ne sera pas long à revenir, reprit le jeune homme en se retournant vers le blessé. Allons, mon brave, ne me marchandez pas votre confiance !… Mettez-vous un instant à ma place ! Supposez que toute votre vie vous ayez ignoré le nom de votre pays, celui de votre mère, que vous vous trouviez en présence d’un homme qui sait tout cela et que cet homme vous refuse un renseignement si précieux pour vous, au moment même où vous venez de le sauver et de lui rendre la vie !… Ce serait cruel, n’est-ce pas ?… ce serait intolérable !… Je ne vous demande pas l’impossible !…