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coups de fusil.

nous accorderez-vous pas un peu de confiance ? »

L’Irlandais attacha sur Erik un regard indécis, où la reconnaissance paraissait se mêler à la crainte — une crainte obscure, indéterminée.

« Cela dépend du genre de confiance que vous souhaitez ! dit-il évasivement.

— Oh ! vous le savez bien ! répondit Erik en faisant effort pour sourire et prenant dans ses mains celle du blessé. Je vous l’ai dit l’autre jour ; vous savez ce que j’ai besoin d’apprendre, ce que je suis venu chercher dans ces mers lointaines !… Voyons, Patrick O’Donoghan, un petit effort ; dites-moi ce secret qui a pour moi une si grande importance, apprenez-moi ce que vous savez sur « l’enfant sur la bouée » ! Donnez-moi seulement une indication qui me permette de retrouver ma famille !… Que pouvez-vous craindre ? Quel danger y a-t-il pour vous à me satisfaire ?… »

O’Donoghan ne répondait pas et paraissait peser dans sa tête obtuse les arguments que lui présentait Erik.

« Mais, dit-il enfin avec effort, si nous nous tirions d’affaire, si nous arrivions dans un pays où il y aurait des juges, vous pourriez me faire avoir du mal !

— Non, je vous le jure !… Je vous le jure sur tout ce qu’il y a de plus sacré !…  dit Erik avec feu. Quels que soient vos torts envers moi ou envers d’autres, je vous garantis qu’il n’en résultera pour vous aucune conséquence fâcheuse !… D’ailleurs, il y a une