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coups de fusil.

C’est dans cet esprit que maaster Hersebom et lui reprirent leur exploration du côté ouest, après s’être reposés pendant quelques minutes à la pointe nord. Ils suivaient maintenant ce bord de la banquise, qui, deux heures plus tôt, dessinait encore le rivage du golfe où le yacht américain était venu se faire acculer. Klaas courait en avant, animé par la fraîcheur de l’air, et semblait se trouver dans son véritable élément sur ce tapis de neige, qui lui rappelait sans doute les plaines du Groënland.

Tout à coup, Erik le vit humer l’air, partir comme une flèche, et s’arrêter en aboyant devant un objet encore caché par un amas de glaces.

« Encore un ougiouk ou un phoque ! » se dit-il sans presser le pas.

Ce n’était ni un ougiouk ni un phoque qui gisait au bord de la banquise et motivait l’émoi de Klaas. C’était un homme, un homme inanimé et sanglant, dont le costume de peaux n’appartenait certainement pas à un matelot de l’Alaska. Cela frappa tout d’abord Erik comme un souvenir de l’hivernage de la Véga. Il souleva la tête de cet homme, elle était couverte d’une épaisse chevelure rouge, et remarquable par un nez écrasé comme celui d’un nègre…

Erik se demanda s’il n’était pas le jouet d’une illusion. Sa main ouvrit le gilet de l’homme, mit à nu sa poitrine. C’était peut-être moins encore pour vérifier si le cœur battait que pour y chercher un nom…