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l’épave du cynthia.

assourdissant de glaces entrechoquées. Ils ne s’en inquiétèrent pas outre mesure, mais pressèrent le pas, dans l’impatience de savoir si cette secousse n’avait pas eu de conséquence fâcheuse pour l’Alaska.

Le dépôt de vivres fut bientôt atteint, puis le petit havre qui abritait le navire.

Erik et maaster Hersebom se frottèrent les yeux et se demandèrent s’ils ne rêvaient pas : l’Alaska n’y était plus !…

Leur première pensée fut qu’il s’était abîmé sous les eaux. Elle était trop naturelle, après une soirée comme celle qu’ils venaient de passer.

Mais, presque aussitôt, ils furent frappés de ce fait qu’aucun débris n’était visible, et aussi de l’aspect tout nouveau pour eux que le petit havre avait pris pendant leur absence. On n’y voyait plus cette bordure de « drift-ice » que la tempête y avait entassée en quelques heures et au milieu de laquelle l’Alaska se trouvait incrusté. Tout au contraire, la forme en était nettement découpée, comme si la banquise avait fini par se détacher de toutes pièces de cette bordure accidentelle et par en devenir indépendante.

Presque au même instant, maaster Hersebom constata une circonstance qui n’avait pu le frapper pendant qu’il parcourait la banquise en tous sens, mais qui devenait fort apparente pour lui maintenant qu’il se retrouvait au point de départ : le vent avait tourné et soufflait de l’ouest.