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l’épave du cynthia.

Une reconnaissance sommaire leur montra alors que la baie où l’Alaska était mouillé se trouvait placée à l’extrême nord et entre les deux points du cap Tchelynskin. Des deux côtés, les terres étaient assez basses vers la mer ; mais elles s’élevaient graduellement en pente douce vers le sud, jusqu’à des montagnes que le brouillard laissait par moments à découvert, et qui paraissaient toutes de trois à quatre cents mètres. Nulle part on n’apercevait de neiges ni de glaces, si ce n’est au bord même de la mer, où il y en avait une bande comme partout dans les régions arctiques. Le sol argileux était couvert d’une abondante végétation de mousses, de gazons et de lichens. La côte s’animait par la présence d’un assez grand nombre d’oies et de canards sauvages et d’une douzaine de morses. Un ours blanc montrait sa fourrure sur une pointe de rocher. Au total, n’eût été la brume qui couvrait tout de son manteau gris, l’aspect général de ce fameux cap Tchelynskin ou Severo n’avait rien de particulièrement rébarbatif, rien surtout qui justifiât le triste renom qu’il a gardé pendant des siècles.

En avançant sur la pointe extrême à l’ouest de la baie, les voyageurs aperçurent une sorte de monument qui en couronnait la hauteur, et s’empressèrent naturellement de le visiter. Ils virent en approchant que c’était un « cairn » ou amas de pierres, supportant une colonne de bois formée d’une poutre.