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l’épave du cynthia.

commerce du monde. Non, disaient les officiers de la Véga, que cette route dans son entier fût jamais destinée à devenir très fréquentée, mais parce que le voyage de la Véga devait nécessairement habituer les nations maritimes de l’Atlantique et du Pacifique à considérer comme possibles les relations directes par mer avec la Sibérie. Et nulle part ces nations ne pouvaient trouver, contrairement à l’opinion vulgaire, un champ aussi vaste et aussi riche pour leur activité.

« N’est-il pas singulier, faisait observer M. Bredejord, que, pendant trois siècles, on ait complètement échoué dans cette tentative, et qu’aujourd’hui vous ayez pu l’accomplir presque sans difficulté ?

— La singularité n’est qu’apparente, répondit un des officiers. Nous avons profité au nord de l’Asie, comme vous venez de le faire au nord du continent américain, de l’expérience acquise, souvent au prix de leur vie, par nos devanciers. Et nous avons aussi profité de la profonde expérience personnelle de notre chef. Le professeur Nordenskjöld s’était préparé à cet effort suprême pendant plus de vingt ans au cours de huit grandes expéditions arctiques ;  il avait patiemment réuni tous les éléments du problème et marchait, en quelque sorte à coup sûr, à sa solution. Puis, nous avions ce qui manquait à nos prédécesseurs, un navire à vapeur, spécialement aménagé pour ce voyage. Cela nous a permis de franchir en deux mois des dis-