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l’épave du cynthia.

c’est que notre tour arrivât d’être interrogés !… Mais lui, il n’avait pas peur, il répondait au docteur comme il aurait fait à notre maître !

— Tiens ! M. Malarius vaut bien le docteur, je pense, et il est certes aussi savant que n’importe qui ! » dit Erik, que ces éloges à bout portant semblaient gêner.

Le vieux pêcheur approuva d’un sourire.

« Tu as raison, petit, dit-il sans arrêter le travail de ses mains calleuses. M. Malarius en remontrerait, s’il le voulait, à tous les docteurs de la ville !… Et au moins il ne se sert pas de la science, celui-là, pour ruiner le pauvre monde !

— Le docteur Schwaryencrona a ruiné quelqu’un ? demanda curieusement Erik.

— Heu !… heu !… S’il ne l’a pas fait, ce n’est pas de sa faute !… Moi qui vous parle, croyez-vous que j’aie vu avec plaisir s’élever cette usine, qui fume là-haut au bord du fjord ?… La mère pourra vous dire qu’autrefois nous récoltions nous-mêmes notre huile, et nous la vendions fort bien à Bergen, pour cent cinquante et jusqu’à deux cents kroners par an… Maintenant c’est fini ! Personne ne veut plus de l’huile brune, ou l’on en donne si peu qu’à peine cela vaut-il de faire le voyage ! Il faut se contenter de vendre les foies à l’usine, et Dieu sait si le gérant du docteur s’arrange pour les obtenir à bas prix !… C’est à peine si j’en tire quarante-cinq kroner, en me donnant trois fois plus de mal que jadis ! Eh bien !… je dis que ce n’est